Chansons traditionnelles des U.S.A. [I]

Les plus anciennes chansons d’Amérique proviennent des ancêtres chansonniers, anglais, écossais, gallois et irlandais. Riche héritage comprenant, pièces lyriques, complaintes, hymnes religieux, chants de travail, marches, danses, et surtout ballades.

Les ballades sont des chansons qui racontent une histoire. Elles sont dites traditionnelles et leur origine remonte aux XVIIIème, XVIIème siècle et au moyen âge. Elles sont l’œuvre de ménestrels et de poètes mineurs. De ton impersonnels, elles dramatisent un événement mémorable en termes conventionnels (crime, amour fatal) qui a lieu en général au sein de cercles aristocratiques. Leur mélodie est plutôt simple. Populaires et transmises oralement, elles donnent lieu à de multiples variantes. Exemple de ballade : ʺBarbara Allenʺ. Plus de 300 sont dénombrées dont une centaine dans les zones montagnardes et reculées des Appalaches.

Autres ballades, les broadsides, , (plus récentes, fleurissent en Grande Bretagne). Véritables gazettes aux succès éphémères et composées par des écrivailleurs au service des imprimeurs, celles-ci possèdent un coté journalistique. Elles sont vendues par des chanteurs de rues sur des airs connus. Marins, soldats, amoureux, tous gens du peuple, en sont les héros. Certaines colportent des histoires sensationnelles souvent imaginaires. On dénombre 200 broadsides d’origine anglo-irlandaise populaires. ʺBonnie Black Bessʺ et ʺ The girl I Left Behind ʺ ont la faveur des cow-boys.

Ces deux genres de ballades, classique et broadsides, seront adaptées à l’identité américaine. Certains contenus sont censurés par l’Église en place, et les héros locaux deviennent les personnages de l’aristocratie anglaise.

“Bury Me”, Traditionnel ; interprète, Joseph TAQUET ( 26 janvier, église Notre-Dame Villeneuve d’Ascq)

Source : “Les chansons des cowboys”, G. Dubois, éditions l’Harmattan

ADIEU A MA RUE

Dans la rue Rémy Cogghe
Il y a d’abord les bouferka, l’âme de la rue
Avec Hamouda, le maître des lieux
La chaleur de la maman, éminence grise
Le feu d’artifice des enfants
Le sourire derrière la porte qui s’ouvre
La maison fruit du travail et de bien des sacrifices.

Dans la rue Rémy Cogghe, il y a Serge
Avec une grande main pour saluer toute l’Algérie
En souvenir d’une 2 CV qui traversa le Sahara.

Dans la rue Rémy Cogghe, il y a notre «camarade Pascal »
Même si parfois le ton monte ne volez pas son cœur en or
Et si flânant par chez vous
Déprimés par l’état des véhicules blessés
Soyez rassurés
Ses mains de chirurgien gantées de noir cambouis
Les ramènerons à la vie.

Dans la rue Rémy Cogghe
Il y a le voisin de Pascal qui berce son mal du pays
Quand reverrai-je mon soleil, mes oliviers, et Alger la blanche
Mais tombe, tombe la pluie sur les pavés du Nord
Reste avec nous lui chante à l’oreille ses enfants, ses petits enfants, son ami à tête de christ
Mais seul le souffle de l’illusion gonfle la voile de son espoir.

Dans la rue Rémy Cogghe, il y a la maison de maître, maintenant palais de justice
Vestige d’un Roubaix fastueux
Avec son jardin et le ruisseau qui batifole
Entre roche et gazon, caressé par le saule pleureur
Avec les anciens qui partagent la nostalgie du passé sur les bancs publiques
Et les enfants qui usent leurs fonds de culotte sur le toboggan
Se foutant pas mal de l’avenir.

Dans la rue Rémy Cogghe, il y a Talby
Mais là le vêtement s’envole et c’est un guerrier en treillis
Et  tac, tac, tac
Ah ! Quand j’étais para… Tu me feras mon portrait dis…
Avé les médailles… Avé les médailles
Entrez dans la maison en vous faufilant par le couloir
Mais déchaussez-vous en savourant la douceur du tapis de haute laine
La maîtresse de maison trône dans un conte de mille et une nuits
Saluez-la respectueusement, puis éloignez-vous en fermant discrètement la porte
Le bon génie d’Aladin ne s’échappera pas.

Dans la rue Rémy Cogghe
Il y a Dominique et sa petite famille dans la belle maison bourgeoise
Faites sonner les grandes orgues de Saint Eustache
Avec lui la musique entre chez nous.

Dans la rue Rémy Cogghe
Il y a la maison de la misère avec son œil borgne de carton
Avec ses emménagements     Avec  ses déménagements
Une pitoyable famille en sort et s’entasse dans la voiture
Maman a trop travaillé Papa courbe les épaules
Et les enfants sont trop nombreux
Le véhicule bringuebalant les emporte je ne sais où.

Oh Dieu de la pauvreté
Faites que derrière ce rideau sale un jeune couple s’aime tendrement
Conçu ce jour, un petit prince s’éveillera à la vie

Dans la rue Rémy Cogghe
Il y a les soirées d’été qui balancent entre douceur et orage
Avec sur le trottoir les jeunes Maghrébins
Qui refont le monde dans des discussions passionnées
De l’autre coté, une bande d’Européens sirotent leur pastis
En bavardant de tout et de rien.

Dans la rue Rémy Cogghe
Un habitant du quartier marche allégrement
Je ne connais pas son nom
Nous l’appellerons monsieur « joyeux »    (si vous le voulez bien)
Merci monsieur joyeux de votre bonne humeur.

Dans la rue Rémy Cogghe
Il y a une fenêtre qui éclaire la nuit
La fumée bleutée de l’inspiration s’échappe
Le rythme d’un pas rompt le silence nocturne
Et l’homme intrigué rêve,
Par une curieuse alchimie
Pour un instant, un instant seulement, la grisaille du temps s’illumine.

CHANT D’ADIEU A MA RUE
               Il y a ceux qui sont là,
                       Ceux qui ont été,
                       Ceux qui seront,
Et moi qui te dis que je t’aime    Et moi qui te dis que je t’aime encore,
                Je te dis « ADIEU ».

EPILOGUE en repassant par là, il n’y a plus de maghrébins, plus noirs, plus de blancs,
                           Il n’y a plus que des Français multicolores.

Denis Glorieux